Pour vous donner un petit aperçu de ce que j'écris, voici le début de ma nouvelle Renaissance (genre : fantastique), parue dans le numéro 29 de la revue Brins d'Éternité (mai 2011).
Renaissance
Par Pascale Raud
La bougie éclaire si peu qu’il aperçoit à peine ses pieds. Au moins, il n’est pas encore perdu.
À la condition, bien sûr, qu’il y ait un bon chemin.
Il a pris la porte de gauche. Des marches, encore et toujours. Hautes, et rugueuses ; en pierre taillée. Comme dans un vieux château. Il les gravit une à une, inlassablement. Il ne sait pas depuis combien de temps.
La montée est périlleuse, l’étroitesse de l’escalier le force à effectuer des contorsions dangereuses pour l’équilibre de la bougie. S’il n’est pas plus prudent, il va s’égratigner les épaules contre les aspérités du mur.
La sueur coule dans son dos, de grosses gouttes à peine épongées par le tissu de son pantalon. La pierre sous ses pieds nus est relativement fraîche, mais cela ne suffit pas à atténuer la sensation d’étouffement.
Il s’assoit, le temps de reprendre son souffle et de calmer l’angoisse qui l’étreint. De sa main libre, il se masse la plante des pieds, tout en prenant garde de ne pas renverser le bougeoir. Il ne sait même pas pourquoi elle est si importante, cette bougie. Ils ont seulement dit de ne la laisser s’éteindre sous aucun prétexte. Ils l’ont répété plusieurs fois pendant qu’il enlevait sa chemise, ses chaussures et ses chaussettes. Ils l’ont quand même autorisé à garder ses lunettes.
Il se relève, malgré la fatigue et le découragement. Il débouche enfin sur un palier, que prolonge un étroit couloir obscur. Avancer à la lueur hésitante de la bougie. Encore.
« Ça va durer longtemps, ce petit jeu ? »
Aucun écho. Le silence pénétrant du vide. Ça ne sert à rien. Il est seul depuis qu’ils ont refermé la porte derrière lui. Continuer de marcher. La sueur lui brûle les yeux. Ses mains sont moites et collantes. Il raffermit sa prise sur le bougeoir.
Il tend l’oreille. Un murmure.
De l’eau ruisselle quelque part en avant. C’est peut-être bientôt terminé. Il tend la main dans la semi-obscurité pour s’appuyer au mur, mais ses doigts ne rencontrent rien. Ni à droite, ni à gauche, ni même derrière. Pourtant, le couloir n’était pas si large, tout à l’heure !
Il n’a pas le droit de faire demi-tour, mais il ne sait plus où il est. Respirer lentement. Suivre le léger murmure de l’eau, au loin. Ne pas le perdre. Continuer.
Encore cent pas. Deux cents pas. Trois cents. Il compte pour ne pas paniquer. Là ! Un rai de lumière au sol ! Il se heurte presque au mur devant lui. Des gouttes de cire chaude mordent la chair de ses pieds nus. Ne pas crier. Ne pas perdre le peu de sang-froid qui lui reste. Il tend le bras avec précaution, effleurant la cloison du bout des doigts. Pas un mur. Une porte.
Elle est recouverte d’une matière agréable et moelleuse. Du cuir. Peut-être du plastique. Non, à l’odeur, du cuir. Avec une prudence mesurée, il fait jouer la poignée de fer forgé, une belle pièce ouvragée, élégante, mais robuste. Elle ne grince pas. Il hésite. Il y a peut-être du danger. Il sait comment il va procéder. Il se place de biais, la bougie protégée par son corps. Il pèse sur la poignée et pousse la porte avec douceur. Elle s’ouvre sans difficulté et sans un bruit, laissant pénétrer dans le couloir un léger courant d’air tiède.
© 2011, Pascale Raud
Pour connaître la suite, c'est par ici ;-)
Coquine, va! Nous laisser en plan ainsi! Heureusement, je suis abonnée à Brins d'éternité... Héhé! ;)
RépondreSupprimerOui, je suis vilaine, je sais ;-) Où serait le plaisir, sinon...
RépondreSupprimerOui, il va falloir que je m'abonne si je veux la suite alors !! :)
RépondreSupprimerCaroline Mordan G.
Caroline : Oui, c'est bien ça ;-)))
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