lundi 1 juin 2020

Un printemps insolite

Que s'est-il passé pour moi depuis le mois de décembre... Les mois de janvier et février me semblent s'être déroulés avant-hier. Mon début d'année s'est présenté sous d'agréables auspices, avec un déménagement pour me rapprocher du centre de la ville de Québec, des amis et des activités littéraires de la ville. Pendant deux mois, j'ai monté des bibliothèques IKEA (non, c'est faux : j'ai laissé une amie monter des bibliothèques pour moi, j'avais interdiction de le faire tout seul :p) et déplacé lentement quelques affaires. Puis est venu le jour du gros déménagement, fin février, avec mes quatre-vingt boîtes de livres, sans verglas ni tempête de neige ni aucun empêchement majeur.

Je commençais donc à m'habituer à mon nouveau quartier et à me réjouir de la présence des petits commerces à portée de pied lorsque la pandémie s'est installée pour de bon au Canada et que le confinement a commencé. Comme pour l'ensemble de la planète. Changement de paradigme, nous entrions dans un scénario familier pour les lecteurs (dont je fais partie) de science-fiction mettant en scène une pandémie/invasion/apocalypse (faite votre choix). La SF venait de frapper à la porte.

Pendant les trois premières semaines, hypnotisé, je suis resté collé à mes écrans, à suivre chaque article, chaque point de presse, chaque développement, les yeux sur les chiffres, les courbes, les statistiques, sans pouvoir rien faire d'autre, ou presque. Impossible de lire de la fiction et impossible d'en écrire quand l'histoire se déroule sous vos yeux. Quand le monde entier s'entend pour fermer les entreprises, les pays, les économies, les activités humaines, tout le monde en même temps. Quand des pays se distinguent par leur gestion admirable de la pandémie. Quand d'autres montrent le pire côté de l'humanité en se fichant totalement de l'humain au profit de la sacro-sainte économie et du profit. Et  -- à un niveau plus personnel -- quand un proche décède de l'autre côté de l'océan, mais qu'il est impossible de prendre un avion pour se rendre dans sa famille. Et qu'il faut faire son deuil chez soi, tout seul, sans personne pour vous prendre dans ses bras.

Talonné par des dates de tombée, il a tout de même fallu travailler. Ce que j'ai donc fait, avec la sensation de traverser chaque jour un brouillard épais et collant. Tout en étant heureux d'avoir du travail, et de ne pas avoir perdu mes contrats. Tout en étant reconnaissant d'avoir ce travail comme ancrage dans le quotidien. Je suis un privilégié, j'en suis bien conscient. J'ai fini par éteindre les sites de nouvelles, par regarder de moins en moins souvent les chiffres et les statistiques, par me couper des actualités une bonne partie de la semaine pour me donner une chance de m'extirper du sentiment d'impuissance qui me saisissait chaque fois. Et puis, il faut bien le dire : même en temps de pandémie, on finit par prendre de nouvelles habitudes. C'est comme ça, on ne peut pas rester indéfiniment dans la position de stress face à l'inconnu : on s'approprie la nouvelle réalité pour qu'elle devienne de moins en moins anormale, je suppose.

Bref, on est aujourd'hui le premier jour de juin, et le monde continue d'aller très mal. En pleine pandémie (ne rêvez pas, ce n'est pas terminé, et il y a aura une deuxième vague, comme pour toute pandémie), le racisme systémique continue de faire des ravages, impumément. Et la révolte gronde de plus en plus fort. Ne faisons pas les étonnés. Ça devait arriver. Souhaitons que cela débouche sur de réels changements. Pas sur de pseudo sursauts de démocratie juste pour faire taire les voix qui se font entendre pour avoir le droit de respirer.

J'avais commencé ce post pour vous parler de mes réalisations littéraires depuis décembre... je me suis éloigné du sujet, mais comment faire autrement alors que le monde brûle... je vais quand même faire une courte liste de ce que j'ai publié ces derniers mois, et des activités à venir, mais sans photo, parce que ça ne me tente pas :

- j'ai signé un article pour la revue Collections (produite par l'ANEL), intitulé "Au Québec, l'imaginaire et le polar fleurissent même en hiver". C'est dans le volume 6, numéro spécial "Le Québec, un univers de livres à découvrir", .

- en janvier, j'ai joint l'équipe de chroniqueurs pour la radio Web Fantastika, en tant que chroniqueur littéraire. J'ai enregistré plusieurs émission d'un coup, et on peut entendre ma toute première chronique pendant l'émission numéro 72 du 19 mars, en cliquant sur ce lien.

- en février, est sortie aux éditions Alire ma traduction Chaque Seconde de Rick Mofina, le troisième volume de la série Kate Page. J'ai terminé de traduire (pendant le confinement) le quatrième volume de la série, "Free Fall", qui devrait sortir à l'automne.

- j'ai publié dans Solaris 214 la nouvelle "La Mémoire du papillon", basée sur l'univers du roman "L'Aile du papillon" de Joël Champetier : le numéro lui est consacré, pour souligner le triste cinquième anniversaire de sa mort.

- ce mercredi 3 juin de 14h à 15h, je participe à la table-ronde virtuelle "Effects of traduction" en compagnie de Catherine Ego et Yves Meynard, dans le cadre de l'événement "À la rencontre de l'imaginaire !", qui a lieu du 1er au 19 juin. La table-ronde, animée par Magdalena Nitchi, portera sur la traduction. Toutes les informations sont disponibles sur Face de Bouc juste ici.

En vous souhaitant d'aller le mieux possible, je vous dis à la prochaine... 

2 commentaires:

  1. Ce fut un drôle de printemps et bien des renaissances attendues ont été mises en suspends par la foutue pandémie... mais on tient le fort, hein? ;) En espérant du meilleur pour le futur. Bises!

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    1. Yep, on tient le fort :-) On croise les doigts (ceux des pieds aussi, allez hop !). xxx

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